L'atmosphère est dorée par les sables du désert dont les dunes offrent le refuge contre l'horizon amer.
En deçà des hauteurs, le soleil haut, l'air chargé d'un voile granulé, je suis à l'âge mûr. Héritant d'une force colonialiste, le vent d'un hybris souffle encore discrètement dans un vide humain.
Ici, il n'y a personne.
Je suis désespéré, triste, paniqué car j'ai perdu ma noire orpheline. Cette petite adoptée sous l'aile percée de ma protection. Évènement des évènements, cette adoption est belle, forte, je l'aime ma seule enfant, ma noire orpheline de l'orphelin du désert.
Cette perte est alourdie par l'espoir tragique de la retrouver. Les yeux sur les dunes, les pieds aux fonds, je cherche ma noire orpheline dans le silence et la tension d'un vent parsemant l'ardent soleil.
Il n'y a rien.
Puis, au loin, sur le pan d'une dune, un point noir. Je m'approche, je crie, je pleure, je suis déjà perdu. Le point devient triangulaire et plus obscur encore. Ce noir est un tissu bâti en tente qui abrite ma noire orpheline. Spectacle d'horreur! Assise, comme morte, la bouche ouverte, contenant l'abysse, les yeux noirs, contenant l'arrêt, et ces peintures blanches sur le visage. Je crie!
Il est trop tard quand ma larme descend la rejoindre, ma noire orpheline, qui plonge lestée des sorcelleries du monde.
Je cours vers elle, irréel éclatement, un retournement, je suis face à une vaste tente de tissu noir, flottant dans un vent apaisé, sinueux et infinis chemins du labyrinthe des noirs songes, ma noire orpheline a disparu, pour de bon.